Quelque chose qui noire, un projet photographique de Sixtine De Thé (mai-août 2022)
Un projet photographique de Sixtine De Thé
mai-août 2022
Traquer la pénombre
« Quelque chose qui noire » est un projet de photographie à la fois documentaire et sensible sur la pénombre née des pannes d’électricité dans le Liban actuel. Il cherche à saisir ce qu’implique une perte de substance généralisée dans un pays en faillite, contrepied à la vision habituelle d’un pays connu pour la beauté de sa lumière. Dans le cadre d’une crise économique sans précédent, le pétrole n’est plus subventionné, limitant considérablement l’accès à l’électricité. Le noir ponctue tant la vie quotidienne qu’il semble parfois sur le point de l’engloutir.
Sixtine de Thé a passé trois mois à traquer ce moment de la coupure d’électricité où la pénombre s’installe et où il n’y a bientôt presque plus rien à voir. Travaillant aussi bien à des scènes qu’à des natures mortes, elle a systématiquement privilégié l’aube et la tombée du jour – cherchant la première et la dernière image du monde – en posant toujours la même question : que reste-t-il ?
Une exposition en immersion
Pour sa sortie de résidence le 31 juillet 2022, et inspirée par les grandes mosaïques présentées à Beiteddine, elle a choisi de présenter ses images sous la forme d’une installation immersive sur le toit de l’Institut Français de Deir el Qamar. Au cœur de la ville, ce toit ensoleillé se fait réservoir de lumière, écrin idéal et inversé aux images sombres où l’on cherche les traces d’une vie qui résiste : un tatouage sur une épaule qui dit les paroles d’une chanson de Fairouz ; une bouteille d’eau vide qui reflète les derniers rayons du jour ; une chute de pellicule photo qui a créé par hasard une sorte de fenêtre de lumière ; un mur à l’aube, couvert des dessins d’une enfant ; la main de cette même enfant qui brandit un morceau de papier incandescent dans une chambre presque complètement noire ; et enfin une main-paysage.
Crédits photo : Père Antonio
Quelque chose qui noire continue !
Après sa résidence à la Villa Al Qamar, Sixtine de Thé a exposé les premières photos de son projet dans le cadre de l’exposition collective des Ateliers Daguerre, qui s’est tenue à Paris du 17 au 28 septembre 2022. Elle est aussi lauréate de l’Atelier de recherche et de postproduction 2023 du CPIF. L’artiste bénéficiera de l’accompagnement technique et artistique du Centre Photographique d’Île-de-France pour développer les magnifiques moments de noir capturés pendant sa résidence.
Pour découvrir le travail de l’artiste : https://sixtinedethecom.wordpress.com/